A l'occasion des 150 ans de la publication des Fleurs du Mal,
Baudelaire, le poète maudit, occupait carrément la moitié du catalogue de la bibliothèque
Pierre Leroy, le 27 juin à la Galerie Charpentier.
Le joyau de la collection était l'édition originale du fameux recueil, un des 22 exemplaires sur
hollande que l'envoi à Delacroix a fait monter à 603 200€ (fc). Record mondial selon Sotheby's pour
une originale de littérature française. Une autre oeuvre de Baudelaire, les Paradis artificiels, seul exemplaire sur chine, agrémenté d'un envoi à Maxime Du Camp,
était poussé à 198 000€ (fc). Toujours à propos du poète, sa mère, Madame
Aupick constatait: "Charles,
malgré ses excentricités, a un talent incontestable" dans une lettre qui a excité les enchères jusqu à 57 600€, le double
de l'estimation.
Parmi les oeuvres les plus remarquées, le manuscrit de La Nouvelle Héloïse de Jean- Jacques Rousseau, était adjugée 384 000€ et une lettre de Chateaubriand
sur la mort de sa maîtresse Pauline de Beaumont, s'enlevait à 324 000€ , le triple de son estimation.
L'Etat exerçait son droit de préemption à plusieurs reprises. Le musée de Charleville
obtenait ainsi pour 90 000€ une photo de groupe prise à Aden en 1880 sur laquelle figure la seule photo
connue de Rimbaud à cette époque. Et la BN obtenait pour 24 000€ le manuscrit autographe du Tartarin
sur les Alpes d Alphonse Daudet.
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Portrait de Baudelaire par Nadar
L'envoi à Delacroix s'est traduit
par un envol des enchères à la Galerie Charpentier
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En attendant la légion d'honneur
Toujours dans le
vent qui souffle sur les souvenirs napoléoniens, lors d'une vente de Belfort, le 30 juin, un sabre d'honneur
offert par le Premier Consul à un officier de cavalerie légère, a obtenu l'enchère
de 59 000e, très supérieure au prix attendu.
Ces armes d'honneur, décernées aux soldats les plus valeureux, s'accompa- gnaient d'une large augmentation
de la solde. Elles ont cessé d'être accordées lorsque la Légion d'Honneur s'est substituée,
en 1804, à cette glorieuse récompense.
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Un sacré coup de sabre
"Ce
sabre est le plus beau jour de ma vie" disait
Monsieur Prudhomme(1). C'est ce qu'a sans doute pensé Jean-Pierre Osenat en prononçant l'enchère
de 4 200 000€ (fnc) pour l'arme de luxe portée par le Premier Consul à la bataille de Marengo, victoire
décisive sur les Autrichiens qui facilita la montée vers le trône impérial du petit
général de la Révolution. Ce sabre façonnée par le maître armurier Nicolas
Boutet est d'ailleurs davantage une œuvre d'orfèvrerie qu'une lame destinée à tuer. Offert
par Napoléon à son frère Joseph, ce joyau n'était jamais sorti de la famille... où
il est d'ailleurs resté, l'adjudication ayant été prononcée à l'attention d'un
autre membre de la dynastie.
Le résultat n'en fait pas moins entrer cette pièce d'exception au chapitre des records historiques
pour une arme. Record également pour tout souvenir napoléonien selon le commissaire-priseur de Fontainebleau
où avait lieu la vente, le 10 juin dernier.
Lors de cette même rituelle vente impériale bellifontaine, une canne en dent de narval utilisée
à Sainte Hélène par l'ex-empereur a été poussée à 97 200€, et
le nécessaire de toilette de la princesse Pauline dans son coffret en acajou, chef-d'œuvre de l'orfèvre
Biennais, s'est adjugé 51 000€ , le double de son estimation.
(1)Henri Monnier Monsieur Prudhomme
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