4 400 000 €, William Turner: Venise, vue de la Dogana et de San Giorgio
Après avoir tourné de Paris à Hong-Kong, de Los Angeles à New
York et de Zurich, à Genève les quatorze Turner de la collection du Baron Ullens ont terminé
leur périple chez Sotheby's à Londres, où se sont déroulées les enchères
le 5 juillet dernier.
Ces aquarelles constituaient le plus important ensemble apparu sur le marché depuis les années 1920,
et une occasion exceptionnelle de découvrir ce peintre considéré comme le précurseur
des impressionnistes et l'inventeur de l'aquarelle moderne.
William Turner (1775-1851) qui a fait son apprentissage à Chelsea, sur les bords de la Tamise a toujours
été fasciné par les effets de lumière à la surface de l'eau. Peintre voyageur,
il se laisse également séduire par les paysages des Alpes, les lacs suisses et les palais de Venise,
dressés comme des spectres dans un ciel d'orage.
Les enchères obtenues ont confirmé l'engouement des connaisseurs pour la virtuosité lumineuse
de sa technique, les dégradés du beige rosé au bleu profond, particulièrement éblouissants
dans la vue du lac suisse de Lungernzee, adjugée 5,3M€, et dans une vision vaporeuse de
la Dogana et San Giorgio à Venise qui a doublé son estimation à
4.4 M€.
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Lamartine
contre la peine de mort
On ne connaîtra jamais
le prix du lot n°70, crédité de 60/80000€, du catalogue de la vente Pierre Leroy (Sotheby's,
Paris 27 juin). Ce feuillet à l'entête de la République Française n'est autre que le
projet d'abo- lition de la peine de mort en matière politique, écrit de la main de Lamartine en 1848
et signé par lui avec les autres membres du gouvernement provisoire.
"...si les hommes ...qui viennent de faire
couler le sang de la France étaient dans les mains du peuple, il y aurait à ses yeux un châtiment
plus exemplaire à les dégrader qu'à les frapper."
Pierre Leroy a fait don à l'Etat de
ce précieux document.
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Un caravagesque venu du froid
Bien que le sujet ne soit pas a priori affriolant, le Reniement de saint Pierre est
un thème privilégié des peintres caravagesques. La scène nocturne décrite par
les Evangiles, le feu dans la cour du grand prêtre qui éclaire la rencontre entre l'apôtre et
la servante, fournissent un prétexte idéal à ces jeux d'ombre et de lumière qui sont
leur marque de fabrique.
L'autère composition qui a atteint 2.186.000€ (fc), le 20 juin chez Tajan,
outre sa provenance supposée du duc de Bordeaux, intéressait au plus haut point les historiens d'art.
Elle constitue en effet un repère dans l'histoire mal connue des peintres d'Europe du nord formés
à l'école du Caravage, dont Hendrick Ter Bruggen est considéré comme le chef de file.
Le jeune Hollandais a 20 ans quand il arrive à Rome vers 1608, deux ans sans doute avant l'exécution
de cette oeuvre qui serait alors sa première connue.
La toile de lin grossière qui apparaît sous la couche picturale usée est typique de celles
utilisées en Italie du sud au début du XVIIe siècle et les experts voient dans l'écriture
spontanée, les personnages un peu statiques, peints en touches larges, la marque d'un jeune artiste. Ter
Bruggen a assimilé la technique caravagesque de peindre directement sur la toile, sans dessin préparatoire.
L'opposition entre les taches blanches des vêtements et turbans et l'obscurité de l'arrière
plan montre qu'il maîtrise aussi les principes du clair obscur.
2 486 000€ - Tajan, 20 juin Hendrick Ter Bruggen
(1588- 629) Le Reniement de saint Pierre, c.1610, hst 288x90 cm (détail)
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