Saint Aubin, Un badaud
de Paris au temps des Lumières
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"On ne le croisait que le crayon à la main" dit un mémorialiste "saisissant
tout ce qui se trouvait sur son passage" précise son frère Charles.Germain
Près d'un demi siècle durant, Gabriel de Saint Aubin battit ainsi le pavé parisien, des boulevards
populaires aux vernissages mondain en passant par les sociétés savantes et les multiples chantiers
d'un Paris des lumières en pleine mutation. À l'affût d'un incident, d'un événement,
d'une de ces saynètes loufoques et dérisoires qui forment la vie quotidienne d'une grande ville :
bagarre, jeu d'enfant, scène de café, de marché…. Les milliers de dessins laissés à
sa mort déroulent comme dans un film le tableau d'un Paris d'avant la révolution singulièrement
bruyant, animé et amusé de tout.
Dès qu'il se passe quelque chose, le dessinateur est là : le sacre de Louis XVI, la visite du roi
du Danemark, une joute sur la Seine... Badaud impénitent qu'on est surpris de rencontrer à un cours
public du Collège de Pharmacie ou à une conférence d'avocats en 1776. On peut aussi le voir
à la représentation d'Armide à l'Opéra, en 1761. et que saurions nous sans lui du gigantesque
et éphémère "Colisée" qui s'élevait dans les années 1770 près
du rond point des Champs Elysées ?
Que saurions nous aussi du prestigieux "Salon"du Louvre où peintres et sculpteurs venaient, tous
les deux ans, présenter leurs dernières créations ? L'événement attirait 20
000 visiteurs sur cinq semaines. Artiste mineur, Saint Aubin n'y fut jamais admis, mais il est le seul à
représenter en détail l'accrochage des tableaux souvent reconnaissables, l'alignement des sculptures
mais aussi des vases, des pendules, des objets d'orfèvrerie. Avec la même précision, ses illustrations
des catalogues de ventes publiques permettent aussi d'identifier des œuvres que la seule description laisse souvent
dans le vague. Une providence pour l'historien d'art comme pour l'historien tout court.
...........................................................................................Françoise Deflassieux
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L'incendie de l'Hôtel Dieu - pierre noire, encre de Chine,
aquarelle et gouache, 18x24cm - Dans la nuit du 30 au 31 décembre 1772, le feu se déclara à
l'Hôtel Dieu de Paris, dans l'Ile de la Cité, à l'angle du Petit Pont, embrasant rapidement
l'enchevêtrement des bâtiments de toutes époques. On voit ici les pompiers s'affairant devant
la façade de la chapelle gothique, tandis que les malades s'enfuient en chemise de la salle en feu, ou sont
évacués sur des civières.
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Gabriel de Saint Aubin (1724-1780) Musée
du Louvre, Aile Sully, 1er étage, Salle de la Chapelle. Jusqu'au 26 mai
Voir en pages Enchères
dernières, la cote de Saint-Aubin
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AU TEMPS DES BARBARES
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L'exposition inaugurée à Venise début janvier se poursuit jusqu'au coeur
de l'été. Au cours du premier millénaire de notre ère, le brassage de populations,
les échanges et les conversions se sont traduits par une grande richesse artistique. Goths, Wisigoths, Germains
ou Vandales ont mêlé leurs usages et savoir-faire à l'héritage de l'Antiquité.
L'exposition, qui rassemble environ 1700 pièces venues de 24 pays et de 200 musées, explore tout
un pan de l'Histoire qui marque la naissance de l'Europe. L'un des fleurons de ces objets plus précieux
les uns que les autres est le Buste de Marc Aurèle en or (1590 kilos, vers 180), conservé à
Avenches (Suisse). D'autres trésors éblouiront le visiteur, comme cette croix votive wisigothique
en or et pierres précieuses (VIIe siècle) ou cette plaque de ceinture en or, perles et grenats (Ve
siècle) trouvée dans une tombe à Carthage. Quant au coffret en or, cabochons et camées
dit de Teutéric, il a quitté pour la première fois en 1400 ans l'Abbaye de Saint-Maurice en
Suisse. Si les objets archéologiques et historiques (dont de rarissimes documents manuscrits) constituent
l'essentiel du parcours, une douzaine de peintures du XIXe siècle (Honorius de Jean-Paul Laurens, Chrysler
Museum, Norfolk) donnent la vision romantique des relations entre Rome et les Barbares..
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Christiane
Barbault
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Coffret dit de Teutéric, 654 - 656 après
J. C. Or, pâte de verre, filets d'or soudé, cabochon camées antiques. Abbaye de Saint d'Agaurie,
Valais, Suisse. © Palazzo Grassi
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Rome et les Barbares, la naissance d'un nouveau monde. Du
26 janvier au 20 juillet . Palazzo Grassi, Campo San Samuele, 3231, 30124 Venezia. Tel- 39 (0)41 523 16 80. www.palazzograssi.it.
Tous les jours de 9 h à 19 h. Entrée 10 €
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