L'Enclos des Gobelins, délimité par l'Avenue des Gobelins, la rue Croulebarbe et la rue
Berbier du Mets (qui recouvre la Bièvre), conserve son nom et son tracé depuis que, vers 1450 le
teinturier rémois Jehan Gobelin, installa sur les bords de la Bièvre des ateliers qui lui attirent
fortune et célébrité, au point que sur les plans des XVIe et XVIIe siècle, "le
ruisseau ouquel Guobelin tainct l'escarlatte " est indiqué Rivière de Bièvre ou des Gobelins.
Quand, en 1607, Henri IV installe par lettres patentes deux tapissiers flamands sur ce même lieu, la fabrique
prend tout naturellement le nom de Manufacture des Gobelins, qu'elle conserve quarante ans plus tard, quand Colbert
transforme l'établissement en Manufacture des Meubles de la Couronne, ancêtre direct de notre Mobilier
National.
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L'idée de Colbert, après l'arrestation de Fouquet, était de rassembler dans une
grande manufacture parisienne les artisans récupérés du chantier de Vaux-le-Vicomte. Il fait
construire des bâtiments destinés à accueillir,sous la houlette de Charles Le Brun, "de bons peintres, maistres tapissiers de haute lisse, orphèvres,
fondeurs, graveurs, lapidaires, menuisiers en ébène et en bois, teinturiers et autres bons ouvriers
en toutes sortes d'arts et métiers".
Aux Gobelins, Le Brun chargé du décor de Versailles, est maître absolu, il donne des projets,
surveille les équipes d'artisans et décide de tout.
Après la mort de Colbert en 1683, la Manufacture perd de son lustre, mais continue à produire des
tapisseries sur des cartons anciens ou contemporains.
La Révolution désorganise l'établissement, les métiers sont abandonnés et, en
1797, le Directoire ordonne de " brûler
les vieilles tapisseries pour en tirer la valeur métallique qu'elles contiennent (les fils d'or et d'argent) pour subvenir aux besoins de l'administration ". Artémise échappe heureusement à cet autodafé.
Trésors dévoilés des Gobelins (16O7-2OO7)
Exposition ouverte du 12 mai au 3O septembre.
Chaque jour sauf lundi, 12h3O-18h30
Entrée: 6€, Tarif réduit, 4€
Manufacture des Gobelins, 42, avenue des Gobelins, 75013 Paris
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Dans sa politique de relance des industries de luxe, Napoléon
Ier réorganise la manufacture et commande quelques tentures qu'il n'aura pas le temps de réceptionner.
La Restauration prend le relais et en 1827 Charles X intègre aux Gobelins les ateliers de tapis de la Savonnerie.
Le XIXe siècle poursuit cette activité qui se poursuit même après les incendies de la
Commune où périssent en 1871 les vieux bâtiments du temps de Le Brun.
Reconstruits avant la grande guerre par l'architecte Camille Formigé, dans le style " beaux-arts "
cher à la IIIe République, les nouveaux bâtiments sont inaugurés en 1922. En 1937 (les
années en 7 sont décidément déterminantes) le rattachement à la manufacture
du Mobilier National nécessite la construction du bâtiment, confiée à Auguste Perret,
qui abrite les ateliers de création et de restauration.
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Des milliers de couleurs
Héritier de celui fondé par
Jehan Gobelin au XVe siècle, réorganisé par Colbert en 1665, l'atelier des teintures, demeuré
depuis toujours dans l'enclos des Gobelins, est une des fiertés de la Manufacture.
Il fut dirigé de 1824 à 1883 par le fameux chimistes Chevreul, " inventeur " du spectre
et auteur du cercle chromatique qui définit, à partir destrois couleurs de base, 72 tons et 14400
coloris. Aujourd'hui géré par un logiciel scientifique, le nuancier comporte plus de 27 000 coloris.
Les colorants végétaux et animaux traditionnels ont été remplacés par des pigments
synthétiques d'une grande résistance
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