Meubles de cours
Louis XIV n'avait pas le monopole des meubles d'argent,
et ce n'est pas lui qui en lança la mode, même s'il la porta à son paroxysme. Dès le
milieu du XVIIe siècle, on voit les rois de Prusse, de Suède, de Danemark, les électeurs de
Saxe et de Hanovre, passer commande d'importants ensembles mobiliers aux orfèvres d'Augsbourg qui s'en étaient
fait une spécialité.
Lustres, torchères, candélabres, vases d'apparat… sont en argent massif fondu, les tables, fauteuils
et grands miroirs, formés de plaques repoussées sur âmes de bois.
Ces mobiliers des cours européennes n'ont pas échappé aux vicissitudes de l'Histoire, mais
sans subir de destruction aussi systématique que celui de Versailles.
Il subsiste donc beaucoup de choses, qui ont permis de regarnir pour quelques semaines les grands appartements
louis-quatorziens. Grâce à des prêts, entre autre de la Reine d'Angleterre, du Prince de Hanovre,
de la princesse Esterhazy, la plus forte contribution étant apportée par la reine Margrethe de Danemark
qui fait heureusement coïncider la fermeture pour travaux de son château de Rösenborg avec l'exposition
de Versailles. Ce qui permet d'accueillir un trône de 1731, un cabinet entier de 1670, plusieurs tables,
des torchères, et surtout un lion grandeur nature sur les trois qui entourent depuis 1670 le trône
royal, sans équivalent à Versailles.
Des collections des princes de Hanovre proviennent deux spectaculaires miroirs hauts de plus de 3m, deux tables
aux piétements baroque, vrais morceaux de sculpture et trois lustres massifs de 52kg chacun, passés
depuis en d'autres mains.
En dehors des meubles proprement dits, des dizaines de flambeaux, vases, plats, chenets, statuettes, quasiment
tous contemporains de Louis XIV complètent cette évocation des fastes éphémères
du Grand Siècle. Plus qu'une impossible reconstitution, le but de le conservatrice Béatrice Saule,
et de Jacques Garcia, metteur en scène de la manifestation était de recréer une ambiance,
d'évoquer ce que pouvaient être les soirées de Versailles au temps du Grand Roi.
Françoise Deflassieux
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