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La Valeur des Choses

 

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Evénement - Actualité - Interview - Records et tendances - Au marteau

Evénement

D'un siècle à l'autre, la Valeur de la Biennale

Statuette d'Hercule en argent Fin XVIe- début XVIIe s. h.21,7 cm, Galerie Steinitz, Paris

Paire de flambeaux (détail) en bronze ciselé et doré symbolisant les quatre saisons. Ép. Louis XIV, H23cm, Galerie Kraemer, Paris

Cartonnier (détail) et son support, marqueté cuivre et écaille, et sa pendule symbolisant les Trois Parques. v 1715, H 2,69 m Galerie Jea n Lupu, Paris

Paire de plats chauffants en porcelaine à décor polychrome et or "à la feuille de tabac". Chine, vers 1775, D, 28cm Galerie Bertrand de Lavergne, Paris

Quatre vingt quinze exposants et près de dix mille œuvres d'art, tableaux et objets d'exception ont rendez vous au Grand Palais du 11 au 21 septembre, dans un décor de fleurs et de jardins qui évoque assez le temps des premères Biennales.

Le mot d'ordre: beauté, qualité, authenticité et rareté. Et état de conservation aussi impeccable que possible, le degré d'usure ou de restauration n'étant pas le même pour un verre antique ou pour une porcelaine XVIIIe.
Quant à l'ancienneté, la notion est par définition fluctuante, au fil du temps qui passe et des goûts qui changent. Lors de la première Biennale, en 1962, la norme était "plus de cent ans d'âge" ce qui excluait les créations du Second Empire, de toute façons vouées alors aux gémonies ! 46 ans et 24 biennales plus tard, les choses ont bien changé, le Napoléon III spectaculaire a pignon au Grand Palais, quasi à égalité avec la grande ébénisterie XVIIIe.

Classique ou design ?

Pas tout à fait tout de même. Devant la chute - trop vite annoncée et certaine- ment provisoire - des styles anciens, les antiquaires classiques ont fait plus d'effort encore que d'habitude pour dénicher des oiseaux rares capables de survoler les modes et de toucher quelques grands amateurs du monde entier capables d'apprécier et de payer à leur valeur un Hercule d'argent du XVIe siècle, deux introuvables flambeaux Louis XIV illustrant les Quatre Saisons, un rarissime miroir vénitien début XVIIIe en verre bleu et or ou une monumentale pendule à l'éléphant, créée vers 1750, pour le duc de Vivonne.
Qui sont-ils ces acheteurs ? Les avis divergent curieusement. Alors que Kraemer ou Steinitz affirment voir émerger une nouvelle génération de collectionneurs de moins de 35 ans, Américains, Européens, Russes... à la Galerie Aaron on avoue une clientèle faite en majorité des chefs d'entreprise quinquagénaires, dont 60% d' Américains, malgré le taux du dollar.
Le challenge est moindre pour les galeries XXe, aussi nombreuses (une douzaine) que celles du XVIIIe, mais l'exigence est la même. En plein dans la tendance, comme on dit, la clientèle est plus large mais non moins élitiste et, dans ce domaine la médiocrité est interdite. Aussi la plupart jouent-ils les valeurs sûres: Ruhlmann ou Dupré-Lafon à l'Arc en Sene, Gio Ponti à la Galerie du Passage, et le Viennois Bel Etage rend hommage au Secessionstyl des années 1890 qui sert de référence à toutes les créations du XXe siècle.

Prix et garantie

L'éventail des prix est aussi ouvert que celui des genres et des époques. Le prix de l'exceptionnel est, par définition, élevé, mais la Biennale n'est pas constituée uniquement de tableaux de grands maîtres et meubles princiers. Les spécialistes de l'objet (bronzes, céramiques, argenterie, archéologie...) y présentent des choses sélectionnées à prix normaux. Une faïence XVIIIe ou une verseuse d'argent dépassent rarement 30 000 et beaucoup se trouvent à moins de 10 000 Contrairement à une idée reçue, les antiquaires ne montent pas leurs prix à la Biennale, mais les grosses transactions exigent la discrétion ; la transparence n'est pas de règle et rien ne filtre avant l'ouverture du salon.
La vraie valeur de la Biennale, c'est la référence qu'elle constitue pour les oeuvres qui y sont passés. La garantie est assurée, non par un 'expert de service' comme sur les autres salons, mais par des commissions de sélection (une par spécialité) qui passent sur les stands avant l'ouverture et éjectent sans appel tout objet pas assez beau, trop abîmé ou à l'authenticité douteuse. Avec la part de subjectivité inhérente à tout avis d'expert. On peut tout de même regretter que l'éthique inhérente à leur statut interdise aux conservateurs de musées ou tout institution- nel compétent de figurer dans les commissions aux côté des experts profession- nels, comme cela se fait à Londres, New-York ou Maastricht. Leur présence éviterait les suspicions et conforterait la réputation de sérieux de la manifestation parisienne. Il reste que, si la garantie absolue n'existe pas, le fait d'avoir figuré à la Biennale confère à un meuble ou un objet un a priori favorable qui vaut tous les pedigree. Cette référence reste la vraie valeur de la Biennale.
. ............................................................ooo...... ................... GG..........................................................Françoise Deflassieux

XXIVe Biennale des Antiquaires, du 11 au 21 septembre, Grand Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. Ouvert chaque jour de11h à 23h. Entrée: 20€

Attr. à Josef Hoffmann : Torchère à 24 branches, en bois doré, verre et laiton doré (Vienne, v. 1910, Gal. Bel Etage, Vienne

Ron Arad : Sculpture en acier patiné, 1990, édition de 20, signé : Ron Arad A/P 5/5, 82x75x101cm Galerie Down Town, Paris

Paire de fauteuils à la Reine en hêtre sculpté, laque bleue d'origine. Estampille de J-B II Tilliard, Paris, vers 1755-1760. H : 95cm. Galerie Didier Aaron, Paris

Commode et 2 encoignures "à la grecque" estampillées P Garnier (détail d'un panneau en laque de Chine d'une des encoignures, Galerie Aveline, Paris