ANDRE LEFEVRE, LE RETOUR
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Au milieu des années 1960, la collection
de tableaux du banquier André Lefèvre avait créé l'événement au Palais
Galliera, par son abondance, sa qualité, le montant des enchères obtenues, et le nombre des préemptions.
Pour la première fois, une ligne téléphonique installée entre New-York et Paris permettait
aux acheteurs américains d'enchérir à distance.
Quarante-deux ans plus tard, une dizaines de toiles de cette collection reviennent sous le marteau
de Me Claude Aguttes, assisté de l'expert Dan Coissard. Signées de de Picasso, Juan Gris, Fernand
Léger, Joan Miro, Modigliani, elles avaient été acquises alors par les neveux du collectionneur.
L'intérêt de cet ensemble, collecté dans les années 1920 avec les conseils du marchand
Kahnweiler, tient à la qualité de chacune des œuvres choisies. Il est aussi marqué par la
personnalité du banquier, guidé par un goût très sûr et animé dans ses
recherches par la volonté de retenir les toiles les plus significatives des maîtres de la peinture
moderne.
La comparaison entre les records de l'époque et les estimations d'aujourd'hui traduit avec éloquence
l'évolution, en quatre décennies, du marché des tableaux modernes.
Ainsi "L'Absinthe" de Picasso, aquarelle de 1902 agrémentée au dos d'une notice de la main
de Max Jacob s'était vendue 160 000F en 1965, on en attend aujourd'hui 1,5 à 2 M€. De Miro la toile
"Blue Star" de 1927, typique de de cette époque, avec ses "signes cosmiques" sur fonds
bleu, adjugée alors 180 000F est estimée aujourd'hui 5 à 7 M€.
Une composition cubiste signée et datée 1918 par Juan Gris avait obtenu l'enchère de 205 000
F à Galliera, elle pourrait dépasser les 2 M€ .
Paris, 21 décembre Hôtel
Drouot, 14h30 salle 1-7. Exposition du 14 au 16 décembre, 25, avenue des Champs Elysées, 75008 Paris.
SVV Aguttes. Expert, Dan Coissart
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Le texte de Max Jacob qui acompagne "L'Absinthe"
précise que "le portrait est celui d'un poête nommé Cornuty". L'oeuvre est aussi
à l'origine d'une célèbre estampe de Picasso.
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Légendes:
Miro- Blue Star, huile sur toile, 1927 116x89cm, signée et datée. Estimée 5 à 7 M€
Picasso - L'Absinthe, aquarelle, 1902/1903, 30,5x23,5cm signée et datée.
Est. 1,5 à 2,5 M€
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Entre son étude de Neuilly et l'Hôtel Drouot dont il est actionnaire,
Me Claude Aguttes est un commissaire- priseur heureux, soutenu une par une organisation familiale efficace. Les
héritiers de la collection Lefèvre lui ont fait confiance pour proposer aux enchères cet ensemble
de tableaux des plus grands artistes du XXe siècle.
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Comment avez-vous obtenu cette vente de
prestige ?
J'ai été consulté pour expertise à la suite d'un inventaire d'assurance. Devant la
qualité des œuvres, j'ai conseillé la vente publique. Nous nous sommes trouvés en concurrence
avec d'autres études et les propriétaires m'ont finalement choisi. Un des atouts de notre étude
est que je suis seul décideur, je prends les risques financiers, je m'occupe de tout et je m'efforce de
raccourcir les délais entre la décision de vente et son règlement.
Le changement de statut des commissaires-
priseurs a-il été profitable à votre activité ?
Sans aucun doute. Dans leur majorité les commissaires-priseurs étaient restés attachés
a leur monopole. Ils se rendent compte aujourd'hui que le changement leur a été favorable. Et le
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public a compris qu'à la rigueur de l'officier ministériel
pouvait s'ajouter la souplesse du commerçant.
A l'heure d'Internet, les enchères
téléphoniques ont-elles encore un intérêt ? .
Plus que jamais. Elles stimulent les enchères et représentent, en valeur, 98% de nos ventes de tableaux.
Il est amusant de rappeler que c'est lors de la première vente Lefèvre en 1965 que le téléphone
a été utilisé pour la première fois, pour recevoir les enchères des acheteurs
américains.
Quelles sont les ventes que vous avez le
plus de plaisir à diriger ?
Les petites ventes de meubles et tableaux provenant d'une même maison de famille, mais ce ne sont pas celles
qui rapportent le plus !
Propos recueillis par Jean Bedel
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